Je viens de lire l'intervention de Pascal Hilout, l'un des membres de Riposte laïque, lors des Assises islamophobes organisées par le Bloc identitaire samedi dernier. Et ce texte est riche
d'enseignements, puisqu'il nous permet de comprendre, si l'on sait analyser et décrypter les choses, quelle doctrine sous-tend ses propos et quelle est le but de son action. Disons le clairement
: Pascal Hilout n'est pas un homme de doctrine, sa pensée est fort basique et dénuée de complexité et de profondeur, cependant, on voit que sa pensée n'est pas neutre et qu'il relaie un projet
déjà mis en pratique, et relativement ancien.
Pascal Hilout, ancien musulman d'origine marocaine, un saucisson à la main.
Ce qui se dégage clairement de sa prose, c'est d'abord un argumentaire bien rôdé, de haine contre le religieux de manière générale. Car il ne faut pas s'y tromper : certes, il se déchaîne
uniquement contre l'Islam. Mais pour la seule et unique raison que cette religion est l'une des dernières a avoir gardé sa vigueur, capable encore de régir des sociétés. Bref, cette religion a
conservé son potentiel spirituel et civilisationnel intact (indépendamment de la situation concrètes des pays musulmans). Mais les arguments utilisés sont exactement les mêmes que les
anti-religion de toujours ont utilisés. Ainsi, il affirme : "NON à l’islam partout où il prend le pouvoir sur les êtres humains. Il leur impose la soumission ; inscrite dans le corps, dans
l’espace et dans le temps". C'est exactement ce que les bouffeurs de curés du 19è siècle disaient du catholicisme : la religion, puissant ferment civilisationnel et de régulation sociale, est
considéré par les athés militants et les prosélytes de la débauche comme trop encombrant, trop régulateur. Bref, les religions sont vécues comme autant d'insupportables facteurs de régulation
sociale.
Encore un copié-collé de ce que les catholiques pratiquant entendaient sur leur religion : "L’islam est un ensemble d’idées totalitaires. Il n’a rien de moins comme ambition que de régenter tous
les aspects de la vie des croyants". Rien d'original... Ces modernistes fanatiques considèrent que l'Homme doit vivre selon ses instincts et que tout ce qui peut l'élever, lui rappeler que son
corps est un prêt accordé par Allah (swt) et qu'il lui doit donc le respect, que ses actions auront des conséquences dans l'au delà, constituent une intolérable atteinte à leur "liberté" (liberté
factice puisqu'il n'y pas pire esclave que celui qui est asservi par ses instincts les plus primaires).
Ce discours là, on le sait, provient pour une large part de la doctrine franc-maçonnique. L'athéisme ultra-agressif et le laïcisme extrêmiste ont été effectivement pensés essentiellement dans les
loges, au 18è et au 19è siècle. Pascal Hilout prononcera une phrase qui ne laisse place à aucune ambigüité quant à sa haine des religions en général : "les religions érigent des murs de
séparation et de lamentation entre les êtres humains". Un discours qui ressemble par ailleurs furieusement à celui des bolchéviques qui ont fait la révolution russe : l'un des moteurs de cette
entreprise meurtrière a été la destruction de la religion orthodoxe, la religion "opium du peuple". L'on sait que des milliers de religieux furent assassinés en Russie, et que la religion
(orthodoxe mais aussi musulmane) fut persécutée jusqu'à la chute de l'Union soviétique. Des héritiers très gênants pour les athés extrêmistes d'aujourd'hui.
Par ailleurs, cette citation nous permet de faire lien avec un autre point : cette idéologie rejoint un autre élément, présent constamment dans le discours de Pascal Hilout : le fanatisme
métissolâtre. Je ne parle pas du métissage en tant que tel, en tant qu'aventure individuelle, en tant qu'enrichissement : Allah (swt) nous a créée de toutes les couleurs pour que nous nous
entreconnaissions. Le problème n'est pas celui-là, mais l'idéologie qui impose aux peuples comme unique horizon, le métissage obligatoire, afin, croient-ils (ces doctrinaires) d'arriver à la Paix
et au "vivre ensemble". Ainsi Hilout nous assène, sûr de son arrogance : "Il est claire pour moi que l’islam, de par ses interdits, ses restrictions et ses pratiques les plus élémentaires est
tout à fait contraire à notre désir de vivre-ensemble, de réaliser l’intégration et l’assimilation, de perpétuer le creuset de fusion que la France a toujours été". Vous avez là résumé toute
l'idéologie franc-maçonnique de destruction des différences et d'imposition d'une uniformité tyrannique. L'Islam est sa cible pour une raison : il est porteur de l'altérité, ce que les
métissolâtre détestent par dessus tout. Pour eux, nous devons tous nous ressembler, manger la même chose. Le terme "fusion" est par ailleurs très significatif : fusion signifie disparition de
deux éléments distincts, pour en créer un nouveau, une sorte de chose hybride. Le désir des doctrinaires dont Pascal Hilout se fait le relai et le propagandiste, c'est celui-ci. Et par ailleurs
cela nous permet de constater la totale hypocrisie de cette posture : d'un côté, cette doctrine du métissage à conduit notamment à la politique migratoire et a permis de faire venir des
musulmans, sous l'impulsion aussi du patronat ; et maintenant que nous sommes là, alors qu'il était prévisible que les musulmans n'allaient pas tout d'un coup apostasié leur religion après
leur arrivée, les mêmes métissolâtre nous disent que nous sommes les ennemis intérieurs, que nous sommes trop musulmans, trop arabes que sais je encore. Quelle irresponsabilité et je dirais, quel
machiavélisme aussi.
Personnellement, j'aime les différences, et je ne veux surtout pas que tous les peuples me ressemblent. Où est l'intérêt ? D'autant que cette vision va totalement à l'encontre de l'ordre de la
Création, qui a aboutit à des peuples si divers. L'Islam, malgré ce que disent les propagandistes à tord, respecte et favorise l'altérité des cultures : les islamophobes pourront dire ce qu'ils
voudront, mais les peuples musulmans sont tout à fait divers et ont gardé leurs spécificités culturelles. Allez en Inde, au Maghreb, au Sénégal, en Indonésie, en Tchétchénie : aucun de ces
peuples ne se ressemble, ils ont gardé l'essentiel de leurs cultures millénaires, tout en croyant désormais en Allah (swt) Créateur de l'univers et en pratiquant l'Islam, ce qui n'a rien
d'incompatible. Les Pascal Hilout et autres fanatiques laïcards sont les pires ennemis des identités charnelles, et malgré leur droit de l'hommisme affiché, les plus intolérants face à la
différence. Ce qu'ils veulent, c'est que nous soyons tous les mêmes. Un projet fou, dangereux, et au final inhumain : les Hommes, par essence, ont besoin d'une identité, d'une culture et de
racines. La création de petits consommateurs sans identité, sans Histoire ni ancêtres, dociles, malléables, au grand profit des oligarques. Une obsession maçonnique.
Cette utopie, tellement naïve (le Brésil est le pays le plus métissé, et pourtant rien ne montre que ce soit le pays le plus pacifique et dénué de criminalité, loin de là), serait innofensive si
elle ne portait pas en elle un désir et un résultat très dangereux : celui de la disparition des différences et de l'altérité.
On le voit donc, ce discours, resservi en 2010, vient en réalité de loin. Ce ne sont pas enfants de coeur qui ont une dent contre les "islamistes". Loin de là. D'ailleurs Pascal Hilout ne parle
jamais d'islamisme mais d'Islam tout court. Mais bien plutôt des doctrinaires, au service d'une idéologie fort dangereuse et dont nous voyons en réalité les méfaits tous les jours.